Choindez j'y suis né ! J'y ai vécu mes premières années... j'avais l'impression qu'à cette époque les hivers étaient féériques, enfoncé dans la neige jusque sous les bras, en fait il y en avait peut-être 50 centimètres, oui... j'étais encore petit. De la fenêtre de notre appartement, dont plus rien ne subsiste, nous regardions avec ma soeur, les yeux billes d'agate, les immenses flocons scintillants sous les lampadaires de la rue et qui, comme suspendus à des fils invisibles, refusaient de tomber. Choindez c'était aussi son odeur particulière, certains jours de basse pression, mélange de ferraille fondue, de sable et de sueur. Elle ne me dérangeait pas ou alors j'y étais habitué. Notre quartier du haut du village, nous habitions au "Wehr", retentissait des cris des nombreux enfants qui jouaient à cache-cache entre les bûchers et les grosses maisons, sous les yeux distraits des mères qui taillaient le bout de gras en attendant le boucher Seuret et son char à viande tiré par un cheval. Il n'était pas le seul, le laitier et le boulanger s'arrêtaient aussi avec leur camionnette et klaxonnaient pour avertir le client... Choindez ce n'est pas un trou, même si il a perdu de sa superbe d'antan, je m'y arrête parfois et le regarde avec tendresse, j'y retrouve un peu de mes parents, de la vie du quartier et du bruit de la fonderie. Ce ne sont pas des fantômes, non, ils sont en moi!