On a tous un banc dans notre mémoire, témoin privilégié de nos premiers émois, endroit de rencontres parfois, endroit de recueillement, de repos et de méditation, seul ou à deux, ou plus. Assis, on rêvasse, on regarde au loin pour se regarder soi-même dans une introspection mélancolique. Le paysage alors, aussi beau soit-il, n'est souvent qu'une image de fond que l'on ne voit même plus...
Autrefois, enfant, le banc était cette agora clanique où se retrouvaient les gosses du quartier, les jambes ballantes pour les petits, ou assis sur le dossier les pieds sur l'assise pour les caïds en culottes courtes du pâté de maisons... Au village, il y avait les fameux bancs de la forêt des balances, témoins chaque weekend de nos soirées d'adolescents presque rebelles. Le mange-disques, les bières et les cervelas suffisaient à notre bonheur. On ne refaisait pas encore le monde, on le vivait, autour d'un feu de bois, assis sur des bancs...