Parfois dans mes virées champêtres, après quelques kilomètres sur les sentiers escarpés, je fulmine contre moi-même d'avoir mis dans mon sac à dos un tel pesant de matériel photo... tous ce poids à trimbaler, à écraser encore un peu plus mes vertèbres déjà bien tassées, pour peut-être ne rien croquer !
Mais la récompense, au détour d'un presque chemin, vous tombe dessus comme une apparition divine ! Et à ce moment là, tous ces kilos qui auparavant vous déchiraient l'échine, ne pèsent plus rien... ou plutôt si, ils ne pèsent plus que le poids de l'émotion qui vous paralyse et vous noue les tripes !
Un face à face empreint de respect mutuel, les deux chamois broutent paisiblement à quelques mètres de moi, on dirait qu'ils savent qu'ils ne risquent rien. Ils mangent, me regardent, l'un, ou plutôt l'une, il doit s'agir de la mère, scrute autour d'elle attentive au miaulement d'une buse. Ils se délectent de quelques plantes en fleurs.
Puis après une bonne dizaine de minutes, ils s'enfoncent tranquillement dans la forêt dense dominée par les rochers qui leur servent de repaire et de terrain de jeu. Je continue mon chemin le cœur léger et le pas alerte...