Il est de ces endroits chargés d'histoire où profane et sacré se mêlent, où la lumière, mystérieuse, enveloppant les pierres à demi couvertes de mousse, nous invite à un voyage où le réel s'estompe pour laisser place au fantastique... des âmes semblent errer par ici, Je me laisse emporter par mon imagination... des histoires pas toujours très catholiques qui se déroulent dans ces jardins autrefois courus et qui, aujourd'hui, semblent laissés en friche. Deux jars qui cacardent ajoutent encore à l'ambiance mortifère des lieux. Une grande fontaine en pierre taillée à quatre robinets forgés déverse par à-coups ses eaux limpides dans une vasque fêlée par le temps et le gel... Un dimanche à Lucelle
Fleur en éveil, petit rat d'opéra, danseuse en devenir dans son tutu romantique de mousseline violette, promesse d'épanouissement, future étoile éphémère d'une chorégraphie que, Dame Nature, nous offre chaque année dans nos prairies jurassiennes... Jusqu'à quand?
Les écluses des cieux, béantes, déversent sur nous leurs flots incessants, transformant nos prairies en éponges boueuses, mettant à mal les champs de céréales, inondant routes et venelles de nos villages... fatiguant hommes et femmes qui s'affairent à écoper dans les maisons. Des volutes de fumée montent des terres détrempées. Nous sommes le 13 juillet, l'été pleure à grosses larmes. D'où vient ce chagrin inconsolable?
J'offre rarement des fleurs à ma bien-aimée, parti à la cueillette mais juste avec les mirettes, je lui présente ce petit bouquet cueilli avec mon appareil photo entre deux averses et trois rayons de soleil, passant de Saint-Germain en plaine de Courroux, de la fleur de patate aux mille fleurs des prairies...
Tu me regardes hein, je sens bien que tu me regardes... Que veux-tu me dire? Que tu es sur cette terre depuis des milliers d'années? Que dis-je, des millions d'années? Que tu a passé tout ce temps à te nourrir et te reproduire sans jamais rien détruire... et que nous, orgueilleux, en un seul siècle nous avons pratiquement tout pillé de cette planète, gaspillé ses richesses au seul prétexte de notre bien-être matériel. Nous restons sourds aux avertissements fréquents de notre Terre qui gémit... Jusqu'à quand? Il est tard déjà et tu me regardes encore.
En pleine ascension d'une véronique, mademoiselle Coccinelle sous ses faux airs de bête à Bon Dieu s'en va d'un bon pas soustraire, l'ogresse, quelques pucerons de l'élevage des fourmis ses voisines, pour satisfaire à une fringale soudaine...
Les couleurs éphémères et envoutantes de l'arc-en-ciel me font toujours rêver et, avec beaucoup d'espoir, le regard dirigé vers cette arche divine, j'éspère apercevoir une licorne qui, tel un cheval ailé, traverserait les cieux en tournoyant autour des nuages... Il est 20h00, je n'ai bu qu'un bon verre de rouge et il y a bien longtemps que je ne fume plus... Peut-être devrais-je consulter un homme de sciences, mais il y a tellement de médicastres et de morticoles dans cette congrégation que je préfère encore croire aux fées et m'automédiquer avec quelques lampées de Saint-Amour... À consommer avec modération ou avec qui vous voulez...
Bien que nageant comme un fer à repasser auquel on a attaché un bloc de béton, je suis irrémédiablement attiré par l'eau... elle me fait peur, Je ne sais pas pourquoi, mais ce mouvement, cette force tranquille, ces petits ruisseaux qui peuvent se transformer en torrents meurtriers, ces vagues qui viennent se fracasser contre les falaises me fascinent. Au bord de la Birse, Il revient à ma mémoire les chambres à air de camions qui se transformaient en radeaux de fortune, avec mes petits copains du quartier, nous étions des pirates, des flibustiers... juste là, où j'ai pris ces clichés... Aujourd'hui, je ne navigue plus que sur des flots enivrants, petits rouges ou parfois petits blancs... qu'on partage toujours avec les copains...
Parfois on laisse ses pieds nous guider juste pour passer le temps et consentir au hasard le choix de nous faire découvrir ici une bouée traversée de soleil à peine éclos, là un cloître aux briques ocres et aux dalles cendrées, ou encore un crane bien vide avec son araignée qui tente d'échapper à ses noires pensées... quelques pas de plus et s'offre à nos yeux le Pont-du-Milieu, sous une lumière de presque dix heures qui donne à la ville des allures médiévales... Oui, nous sommes bien à Bâle, ville de culture mais aussi de carnaval, ville plurielle et singulière...