6h32... Le jour se lève, encore timides, quelques rayons de soleil viennent caresser la forêt du côté de Vellerat. Je lève les yeux au-dessus de mon écran et la lumière pâle et douce qui se faufile à travers le rideau d'arbres devant ma fenêtre me pousse à déclencher... Il est difficile de trouver bureau plus reposant ! La journée commence bien...
Il semblerait que l'espace-temps et la réincarnation se soient donnés rendez-vous dans cette vieille souche au bord de la Birse à Courrendlin... Un des Bogdanoff, on ne sait pas lequel, à peine disparu déjà réapparu... Les mystères de l'univers! Le Temps X.
On passe une grande partie de notre vie à chercher à y donner du sens ou à la gagner...
et pendant ce temps là, les jours passent...
un beau matin on se rend compte que le temps est la seule chose qui ne fructifie pas, il se consomme cash!
J'ai passé tant de printemps à papillonner et l'été m'a paru si court...
l'automne est déjà là et je voudrais bien qu'il dure... il ne sert à rien que je cours avant que ne sonne l'heure...
Vivre le présent c'est mon cadeau et mon seul luxe.
L'hiver attendra...
À jamais enlacés dans leur habit de bronze... ni les cieux menaçants, ni les vents tempétueux, pas plus que les cris des mouettes qui volent autour ne pourront perturber la force de leur amour. Ils sont unis pour la nuit des temps ! Sculpture de Michal, Biennale de Montreux 2017
Choindez j'y suis né ! J'y ai vécu mes premières années... j'avais l'impression qu'à cette époque les hivers étaient féériques, enfoncé dans la neige jusque sous les bras, en fait il y en avait peut-être 50 centimètres, oui... j'étais encore petit. De la fenêtre de notre appartement, dont plus rien ne subsiste, nous regardions avec ma soeur, les yeux billes d'agate, les immenses flocons scintillants sous les lampadaires de la rue et qui, comme suspendus à des fils invisibles, refusaient de tomber. Choindez c'était aussi son odeur particulière, certains jours de basse pression, mélange de ferraille fondue, de sable et de sueur. Elle ne me dérangeait pas ou alors j'y étais habitué. Notre quartier du haut du village, nous habitions au "Wehr", retentissait des cris des nombreux enfants qui jouaient à cache-cache entre les bûchers et les grosses maisons, sous les yeux distraits des mères qui taillaient le bout de gras en attendant le boucher Seuret et son char à viande tiré par un cheval. Il n'était pas le seul, le laitier et le boulanger s'arrêtaient aussi avec leur camionnette et klaxonnaient pour avertir le client... Choindez ce n'est pas un trou, même si il a perdu de sa superbe d'antan, je m'y arrête parfois et le regarde avec tendresse, j'y retrouve un peu de mes parents, de la vie du quartier et du bruit de la fonderie. Ce ne sont pas des fantômes, non, ils sont en moi!
Un cœur de lichen jaune, brisé, né sur le marchepied en métal rouge d'un vieux wagon abandonné... un électrocardiogramme presque plat... il semble trépassé mais, en fait, il a choisi de battre à son rythme, celui de la nature qui, lentement, surement, va reprendre un jour tous ses droits. Lui et les mousses qui l'entourent vont gentiment phagocyter cet énorme wagon de ferraille et de bois jusqu'à ce que mort s'en suive! Il faudra peut-être des siècles...(Aucun rapport avec l'actualité hein)
Dans ses jupons d'organza blanc, légèrement rosé, la fleur du cactus de Noël se lance dans une danse sensuelle où ses étamines enfarinées d'une poussière d'étoile reproductrice caressent un pistil qui n'en finit par de rougir...
Voyage autour d'un pot de fleurs. Attiré comme un papillon par le parfum entêtant d'un lys, une senteur envoutante qui embaume tout l'appartement, je n'ai pu que succomber à ces fragrances qui caressent mon nez et m'enivrent puis qui m'attirent inexorablement vers lui. Continuant mon périple, j'ai craqué devant les lèvres pulpeuses, limite botoxées, d'une rose de Noël, la bouche en cœur, comme si elle faisait un selfie... La lumière d'un soleil de novembre jouant avec la fragilité diaphane des robes aux couleurs tendres m'offre quelques tableaux pastels que je m'empresse de croquer...
Le temps semble un instant suspendu hésitant entre automne et hiver. La feuille à sa branche ne tient plus qu'à un fil, elle va lentement se laisser tomber sur un duvet végétal cotonneux, puis s'endormir, engourdie par les frimas de novembre. Peut-être fera-t-elle le rêve de nourrir pour les saisons à venir son arbre, celui qui l'a nourri ce dernier printemps et durant tout l'été... Ce sera là son destin... Quelqu'un avait dit "Rien ne se créé, rien ne se perd... Tout se transforme." et la nature en est le parfait exemple...